La Révélation du Tsunami
Auteur :
Déborah Blanc
Categories : Ouvrage autobiographique
Date de parution : 30/09/2019

Synopsis : Entière et passionnée, éternelle insatisfaite, Déborah a bien du mal à accepter sa vie qui ne se déroule pas comme elle l'avait imaginée. De déconvenues en déceptions, d'échecs en interrogations, sa recherche du bonheur la laisse sur sa faim.
Mais un jour, tout bascule.
Comment affronter les épreuves qui l'attendent ? Comment trouver la force d'avancer jour après jour dans cette tempête qui dévaste tout ? Son couple résistera-t-il au tsunami qui vient de la frapper ? Et finalement pourquoi est-elle venue ici-bas ? Quel est le sens de tout ceci ?
Lors de cette odyssée, elle découvrira des ressources insoupçonnées, fera la paix avec elle-même et recevra les réponses qu'elle a toujours cherchées pour sortir grandie et changée à tout jamais.
Un récit de courage, de résilience et d'espoir.
PROLOGUE
La quête du sens.
Quel est le sens de la Vie ? Quel est le sens de MA vie ?
Combien sommes-nous à percevoir que là se trouve LA grande interrogation.
Quelle est la teneur du verbe « vivre » ? Quelle en est la portée ? Le but ?
Cette question nous nous la posons tous au moins une fois dans notre existence. Et y répondre est notre plus grand défi. Comme beaucoup d’entre nous, j’ai grandi avec des valeurs et convictions qui m’ont été transmises. J’ai découvert, expérimenté, vécu, aimé, souffert. Quelque part programmée à un pantomime maladroit, bousculée par l’impétuosité de notre siècle et ses exigences de production, d’efficacité, d’action, d’agitation, de labeur et gavée du « toujours plus vite », je me suis laissée happer, emporter, balayer puis briser par une cadence sans âme, un tournoiement qui a déréglé ma boussole intérieure. Contrainte à un « remplissage obligatoire de mes jours », j’ai subi un rythme qui n’était pas le mien, comme si prendre le temps était un anathème. « La vie est trop courte ! il ne faut pas perdre de temps ! il ne faut pas le gaspiller à ne rien faire ». Ces paroles trop souvent entendues ont enraciné profondément cette fausse vérité : le vide doit nécessairement être rempli. Le temps doit obligatoirement être utilisé. Utiliser le temps ! Quel égarement ! Car au final nous sommes tout simplement prisonniers du temps psychologique…
Secrètement j'ai été tourmentée une bonne partie de ma vie par des flots chaotiques. Je n'arrivais pas à prendre racine. Je ne trouvais pas le sens de mon existence. En apparence j'étais stable et solide. Jeune femme studieuse et disciplinée, je suivais le chemin tracé, formaliste et convenu. La grande avenue s'étendait devant moi. Je regardais marcher la multitude. J'empruntais la même voie, parce que c'est ce qu'il convenait de faire mais à l'intérieur, un tourbillon d'intertitude me malmenait. La grande artère bien pensante sur laquelle je marchais me rassurait. Je la trouvais fade et banale mais familière et sécurisante. Qu'il était difficile de donner une direction et une texture à ma vie ! Comment lui apporter de la profondeur et de la cohésion ? Pourquoi étais-je venue ici-bàs ? Vivre devait être beaucoup plus que ce que j'expérimentais au quotidien.
Le temps de l’enfance avait été un sanctuaire dans lequel ce mal être était banni. Un pays où tout était intense, vrai et sans perplexité. En quittant ce royaume, j’avais sacrifié sur l’autel de l’âge adulte cette authenticité et cette puissance du bonheur. Chassée du paradis, je courrais maintenant après le temps, après ce qui avait été perdu en route. Je voulais tout savoir, tout comprendre, tout percer. Une grande frustration me saisissait parfois quand je devinais un vaste champ de vérité à moissonner juste derrière l’épaisse tenture qui séparait la réalité de mes possibles. Hors de portée, je le savais là pourtant mais je n’avais pas les moyens de l’atteindre. Il m’aura fallu arriver à quarante-huit ans et subir un cataclysme pour enfin savoir. Enfin être libre, remplie et en paix. Car c’est lorsque nos fondations, nos certitudes et nos perspectives sont chamboulées en profondeur qu’émerge la réponse. Du chaos la solution se dégage. C’est dans les bouleversements, les brisements et la révolution intrinsèques que peut jaillir la lumière. De l’abîme tu renaitras ! Cette deuxième naissance est mon histoire.
ACTE I : A la dérive (extrait)
28 Mai 2016.
Je viens passer une IRM à la clinique pour une douleur constante et forte dans le genou gauche. Une petite fleur du mal qui s’épanouit en moi depuis plusieurs mois. Une petite fleur du mal qui m’a fait entrevoir ce que le mot douleur implique véritablement. De ces douleurs qui vous donnent envie de déchirer l’espace de vos cris rauques et primaires. De celles qui vous laissent rétractée sur votre lit, à attendre que la crise passe, à ramasser les débris de votre courage pour affronter la salve qui suit. Et comme il est difficile d’obtenir rapidement un rendez-vous pour un examen approfondi, vous patientez un mois et demi dans ce bain de torture physique que personne ne peut partager. Le supplice du corps qui souffre se vit en solitaire. Antalgiques, kinésithérapeutes, masseurs n’apportent aucun répit, aucun réconfort. Vous trainez votre boulet dans le secret de votre chair.
Le visage grave du radiologue penché sur moi m’inquiète un peu, puis fait battre mon cœur un peu plus vite. Je demande si on a trouvé ce que j’ai. On me répond que l’on va me faire des examens complémentaires, un scanner, une IRM avec injection. J’attends. Quelque chose ne va pas. Enfin je le vois sur le cliché. Ce bourgeon blanc de quatre centimètres, installé sur mon fémur. Une si petite chose et pourtant si terrifiante. D’où vient-elle ?
Quand je plonge mes yeux dans ceux du radiologue, la vérité me gifle soudain. C’est grave. La lésion est étalée et agressive. C’est peut-être cancéreux. Le poids du mot me met KO. Je sens bien que même si le docteur me dit que cela pourrait être une tumeur maligne, dans son for intérieur il en est déjà convaincu.
Le cancer. Nous avons tous autour de nous des exemples de personnes touchées par ce fléau dans nos familles, parmi nos amis, nos connaissances, nos collègues. La nouvelle de leur infortune suscite en nous de la consternation, de l’incrédulité, du désespoir, de la crainte, de la colère et bien sûr de la peur. Pas lui...pas elle. Ce n’est pas possible ! Comme si le joug qui les accablait pesait aussi un peu sur nos consciences et ravivait des peurs enfouies. Car le mot fait peur, comme si le prononcer à haute voix ouvrait plus grande encore les portes d’une fin inéluctable. La violence de ces deux syllabes crée un malaise un peu flou. D’ailleurs on l’évoque souvent par des périphrases, des images « le crabe, une maladie grave, une tumeur, une « cochonnerie » etc... !
Comment réchapper de cette funeste gorgone ? Comment sortir vainqueur du combat contre cette plante monstrueuse qui nait, grandit et détruit la vie de l’intérieur, là où tant d’êtres ont échoué ? Tout cela nous le suivons accablés, certes, mais de l’extérieur, en périphérie, comme des satellites autour du malade. Et avec cette illusoire assurance que cela ne nous arrivera pas. Que nous sommes protégés de cette pieuvre, immunisés contre ce poison sournois. Les autres oui, et cela nous émeut, nous touche et nous brise parfois. Mais pas nous. Cela arrive aux autres. Nous passerons au travers. Vraiment ?
Et puis un jour, on bascule de l’autre côté de la barrière. On rejoint la cohorte des infortunés et la perspective change. Tout change. Peu importe où et comment on l’apprend, la vague nous heurte de plein fouet, à tel point que notre cerveau, programmé pour la vie et la certitude que nous n’aurons jamais à jouer cette dure partie d’échecs, se sent soudain dépassé. C’est le bug. Il nie, refoule l’information reçue. Comme un parpaing qui s’écrase sur nos neurones, sous un choc trop puissant pour décanter la nouvelle, nous levons un regard incrédule vers la personne porteuse de la Mauvaise Parole. Un regard perplexe, perdu comme un enfant dans le noir. Le pouls s’accélère. Un souffle de panique passe furtivement car lever le voile ténu qui sépare notre conscience de notre finitude est insupportable. Cela n’arrive qu’aux autres ? Cela vient de m’arriver....
Je suis assise au volant de ma voiture sur le parking de la clinique. J’essaie de comprendre ce qui va peut-être m’engloutir bientôt. J’ai peut-être un cancer. La phrase se répercute dans ma tête. L’onde de choc est d’une violence inouïe. J’ai peur. Je regarde le ciel, les arbres frémissants dans la brise, les oiseaux et je me dis que leur beauté a une saveur toute nouvelle. J’ai l’impression de sombrer dans un marécage de terreur. (Bien sûr à ce moment-là, je pensais que cancer équivalait à mort et que si j’étais atteinte de cette terrible maladie, je ne m’en sortirais pas. A cette époque je ne savais rien. J’étais pleine de présupposés, de fausses convictions, de certitudes trompeuses, de projections sournoises.) ...
Je commence à pleurer mais je ne veux surtout pas ouvrir les vannes. Alors le mécanisme naturel qui pousse les êtres vivants à se protéger vient à mon aide. C’est peut-être une mauvaise blague que la vie me fait et tout va bien. Je veux ranger ma peur dans un tiroir hermétique de mon cerveau. Une mélancolie m’inonde sur la route du retour. A cet instant j’embarque pour un long voyage dont les épreuves et les turbulences me changeront à tout jamais et mettront au monde mon second moi, débarrassé du poids de l’ego. Mais cela, je ne le sais pas encore...
ACTE II : Dans la tourmente (extrait)
L’accumulation des blessures psychologiques au cours de mon existence, le travail de sape du doute dans la poursuite du bonheur, mon incapacité à prendre du recul sur les événements, tout cela est à l’origine de ce qui m’arrive. Mais je ne dois pas voir la vie comme une série de réussites ou d’échecs, de rencontres ou de séparations, d’harmonie ou de conflit, mais comme une lente maturation de moi-même. Vendanger les expériences à chaque étape de notre existence, laisser macérer et décanter les émotions primaires de l’égo acide et vert. Nous sommes notre propre tortionnaire car ce ne sont pas les événements qui nous malmènent et nous blessent, ni les gens qui croisent notre route, ni les mots ni les actes d’autrui qui nous secouent mais bel et bien notre manière d’appréhender tout cela, d’y réagir et de choisir de se laisser atteindre car dès lors que l’on décide que tout cela n’a pas de prise sur notre conscience, notre cœur et notre sanctuaire intérieur, alors nous sommes vraiment libres et maîtres de notre vie. (...)
Ce qui m’arrive n’est pas un drame ni une injustice ni un coup du sort ni une infortune mais au contraire une occasion unique, une opportunité exceptionnelle d’aller à la rencontre de moi-même, de plonger au plus profond de moi pour aller chercher ce qu’il y a de plus précieux, de plus véritable, de plus solide. Une chance inespérée de découvrir qui je suis et d’ôter tous les filtres pollueurs que sont la vanité, la formalité, les usages, les artifices, l’hypocrisie, la lâcheté, la peur et le doute. Ils m’ont encrassée toutes ces années mais aujourd’hui ce que je vis me permet de trouver le diamant pur qui est caché en chacun de nous. Aujourd’hui je sais le prix et la saveur de l’existence et cette prise de conscience balaye tout mal-être. Je suis en paix. Quitter les ténèbres pour revenir à la lumière. (...)
Quand on traverse un désert aussi terrible que la maladie, que l’on est perdu au milieu d’une tempête de souffrance, que les doutes chuchotent d’indicibles angoisses, alors on plonge dans le refuge de sa conscience. On cherche asile dans son monde intérieur et on sait que le noyau dur de l’âme est intouchable, inattaquable, indestructible. Mon corps me semble en carton. Un rien pourrait l’écraser. Plus je m’affaiblis sous les effets répétés de la chimiothérapie, plus ma force mentale grandit. La pensée, l’être dévore tout l’espace. A chaque round, le traitement me broie, me casse, m’émiette. Il écorche lentement ma chair. Il me rosse impitoyablement. Il pille mon corps, le détraque, le délabre. Je me sens à l’étroit à l’intérieur.
Mon esprit, en revanche, prend de la hauteur, se libère, s’affranchit, s’évade. La porte qui tenait verrouillé un monde insoupçonné de maturation personnelle se dégonde soudain. Je m’immerge dans la méditation et les lectures sur le développement personnel. Nouvelle révélation ! Je recueille mes pensées, ce qui m’arrive, ce que je ressens. Elles mijotent doucement sous le feu de mon introspection. Plus j’entre en moi- même, plus je découvre ma force, ma consistance, mon endurance. Plus j’écoute mon harmonie intérieure, plus mon courage gonfle.
deborahblanc @tous droits réservés
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Nelly78114
30/09/2019